Clépier Bérangère

Évaluation de la contribution du design à l’innovation sociale publique : étude de cas dans la sphère éducative.

Thèse sous la direction Philippe Durance (Lirsa-CNAM) co-encadrée par Olivier Hirt (CRD). Depuis septembre 2019.

Évaluation de la contribution du design à l’innovation sociale publique : étude de cas dans la sphère éducative.

 
Résumé de la thèse

Depuis une dizaine d'années, de nouvelles pratiques se réclamant du design sont apparues dans l'administration publique. En effet, confrontée à une attente forte des citoyens de bénéficier de services publics efficaces, tout en disposant de ressources de plus en plus limitées (Sorensen & Torfing, 2012), l'administration est exhortée à se transformer. En réponse à cet impératif, sont créés de nouveaux lieux et dispositifs, revendiquant une libération face au carcan bureaucratique :  programmes d'innovation, « labs », intrapreneuriat... En parallèle, on assiste à une « extension du domaine du design » (Vial 2015), qui cherchent à répondre à des préoccupations plus sociales et politiques. Le design appliqué à l'action publique, au sens de design for policy (Bason, 2014) ou design des politiques publiques (La 27e région, 2010), apparaît alors comme un outil original pour replacer l'usager au cœur des services publics et favoriser l'innovation.

Au-delà d'une accélération dans la pratique dans et par les territoires (Weller & Pallez, 2017), le design fait aussi son apparition dans les discours : la direction interministérielle de la Transformation Publique (DITP) « appuie les administrations en […] intégrant des méthodes centrées sur l'écoute des usagers, la co-construction et le design ». Du côté politique, une nécessité de « mieux associer les concitoyens aux phases de conception des politiques publiques » (circulaire du 5 juin 2019) est mise en avant. Ainsi, le design intègre de manière significative le discours sur l'innovation publique et s'ajoute parfois au portefeuille d'instruments dont dispose les cadres pour construire l'action publique.

Si l'engouement est notable, on peut néanmoins se questionner sur l'intention stratégique des managers publics faisant intervenir les designers. Designers et managers partagent-ils une définition commune du design, des objectifs communs ? Au-delà du discours presque « ordinaire » arguant la nécessaire prise en compte de l'usager, peut-on observer un changement dans la fabrique de l'action publique, devenue plus horizontale, au-delà de l'appropriation du jargon ?

En 2019, dans le cadre des Assises du design, quelques « designers de politiques publiques » font le constat d'une mise en œuvre encore parcellaire et superficielle du design : « outil comme les autres », « pansement managérial », les conclusions des professionnels semblent différentes, voire en contradiction avec les sucess story valorisées dans les discours. Un appel est alors émis pour une « repolitisation du design », dans un contexte de crise écologique et sociétale.

Par une approche critique, cette recherche a pour objectif de mettre à jour les logiques stratégiques poussant les organisations publiques à se saisir du design et des compétences des designers. En envisageant le design comme un processus, c'est-à-dire comme un outil en mouvement modifié par la structure qui l'utilise (Chiapello & Gilbert, 2013), les pratiques des designers seront analysées au regard de l'organisation publique qui les accueille, les prescrit et les transforme : Comment l'administration cadre et modifie la pratique des designers ? Comment le design est-il mobilisé pour être adéquation avec les objectifs des décideurs publics ? Cette stratégie est-elle en compatible avec les valeurs portées par les designers ?

Notre recherche a donc pour objectif de comprendre comment le design est défini, discuté, modifié et implémenté dans un contexte particulier qu'est la structure publique, à la fois dans les discours et les pratiques.


Directeur de thèse : 
DURANCE Philippe, Laboratoire interdisciplinaire de recherche en sciences de l'action (Lirsa), ED Abbé-Grégoire (ED 546), le CNAM.
Co-encadrants :
HIRT Olivier, Centre de recherche en design (CRD) ; ED Sciences de l'Homme et de la Société Paris-Saclay (ED 578), ENSCi-Les ateliers (50%) et ENS Paris-Saclay (50%).

Modalité de la thèse et sources de financement :
Thèse sous contrat doctoral à plein temps financé par un contrat doctoral spécifique aux normaliens (CDSN).
Dates d'inscription en thèse : 1er septembre 2019
Date de soutenance : Août 2022