Barbot Clarisse

Recontraindre les pratiques de colorisation contemporaines : potentiels pour le design textile.

Thèse sous la direction de Émile De Vissher (CRD) ; co-direction James Auger (CRD) et Loïc Bertrand (PPSM). Depuis Septembre 2024.

Recontraindre les pratiques de colorisation contemporaines : potentiels pour le design textile - De la construction historique et culturelle des contraintes de conception et de production en teinture vers une “re-contrainte” correspondant à des attentes de soutenabilité actuelles.

 
Résumé de la thèse

Au travers un examen du cadre industriel, légal, pratique et culturel actuel de la fabrication des colorants, nous chercherons à comprendre comment les contraintes de qualité, de tendances et d'expression de marque ont établi des normes et attentes difficiles à concilier avec nos exigences écologiques mais exerçant une forte influence sur les choix créatifs des designers couleur et textile en activité. Depuis la découverte et l'industrialisation de la mauvéine par William Henry Perkin en 1856, les teintures textiles sont en majorité dérivées du pétrole : extraites du benzène, du toluène, du xylène, du naphtalène et de l'anthracène. Ces colorants ont permis d'améliorer la tenue dans le temps, la diversité des teintes, la standardisation et plus généralement la maitrise de notre production de couleurs. Parfois associés à des métaux lourds ou d'autres produits chimiques auxiliaires (fixateur à base de formaldéhyde ou agents de blanchiment chlorés), ils suscitent des préoccupations environnementales en raison de leur nature toxique (cancérogène, allergène) et non biodégradable pouvant entraîner une altération significative de la faune et de la flore proche des lieux de production. En Europe à partir du début des années 2000, malgré la délocalisation quasi complète des étapes de teinture, des projets de design commencent à proposer des moyens d'améliorer la soutenabilité, c'est-à-dire la viabilité sur le long terme d'un point de vue écologique, humain et économique des pratiques de colorisation. Ces travaux, exposés et publiés, peinent pourtant à s'insérer dans la réalité des systèmes de production contemporains. Parmi les remises en question, les limites créatives qu'ils impliquent pour les designers, mais également le décalage de qualité vis-à-vis des attentes des usagers, habitués aux potentiels des teintures développées depuis la seconde vague industrielle.

Face à la nécessité d'une réévaluation écologique de nos pratiques tinctoriales, ces incompatibilités interrogent finalement le cadre théorique encadrant la production des colorants et le mouvement de sa construction historique et culturelle. Si ce paradigme est aujourd'hui dominant, nous verrons qu'il n'est pas l'unique manière ayant existé de caractériser la qualité d'une couleur. Aussi, les contraintes qui organisent la conception, la production et l'usage de nos produits textile sont-elles justes, adaptées à nos besoins actuels et futurs ? Par la "re-contrainte", c'est-à-dire la proposition d'un système d'organisation de la conception, production et utilisation des textiles teints alternatifs sous le prisme de la soutenabilité, l'hypothèse avancée est que ce contexte modifié pourrait être porteur de potentiels pour les méthodologies de création en design textile et de scénarios d'usage renouvelés pour les utilisateurs futurs.


Directeur de thèse :

Émile De Vissher ENS Paris-Saclay, Centre de Recherche en Design

Co-encadrants :

James Auger ENS Paris-Saclay, Centre de Recherche en Design
Loïc Bertrand ENS Paris-Saclay, Laboratoire Photophysique et photochimie supramoléculaires et macromoléculaires (PPSM)

Modalité et sources de financement :
CDSN. Ce travail bénéficie d'une aide de l'État au titre de France 2030 portant la référence "ANR-11-IDEX-003" via l’Institut Intégratif des Matériaux de l’Université Paris Saclay – 2IM@UPSaclay.

Date d'inscription en thèse : septembre 2024.


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