Archaic Smartness par Valentin GRAILLAT
Recherche doctorale ayant trait à l’idéal domestique de la « Smart-Home » et investiguant des alternatives à l’écologie de son modèle contemporain.
A __ Le « Devenir Smart » du foyer : Généalogie d’un idéal techno-domestique
« Les volets s’ouvrent doucement, une lumière chaleureuse vous enveloppe. Dans le creux de votre oreille, le crépitement de la cafetière vous invite jusqu’à la cuisine dans laquelle votre petit-déjeuner vous attend. Tandis qu’une voix vous lit les dernières nouvelles, le thermostat ajuste la température idéale de votre bain. Sur le chemin du départ, les éclairages et le chauffage vous accompagnent et tout semble s’agencer sans même que vous y pensiez. »
La « Smart-Home » est devenue en quelques années le terme générique pour désigner l’avenir technologique de nos foyers domestiques. Présenté commercialement comme l’acmé du Confort Domestique, le récit de la Smart-Home recouvre dans ses applications et ses usages la promesse enchanteresse d’un quotidien intégralement programmé pour répondre aux désirs de l’habitant. Si l’imagerie rétro-futuriste de la guerre-froide n’est plus d’actualité, la Smart-Home n’en porte cependant pas moins les principales stigmates. Mobilisant un « lifestyle » axé sur la consommation, le désengagement et le divertissement, le développement technologique de nos « Smart-Lifes » contemporaines semble s’être cristallisé dans les valeurs nostalgiques de nos futurs d’hier. À l’heure où la Smart-Home est en passe de devenir une réalité tangible, nous pouvons par conséquent nous interroger sur la pérennité d’un mode de vie renouant avec un idéal techno-domestique fondé au XXème siècle :
Quelle(s) relation(s) souhaitons nous entretenir à l’avenir par l’intermédiaire de nos équipements domestiques et technologiques avec la diversité des milieux de vie dont nous restons immanquablement tributaires? Et en quoi le design, comme re-formulation de nos imaginaires techno-domestiques, peut-il participer d’une réflexivité sur l’éco-systémie « Smart » de nos foyers ? Une première partie de ma Recherche consiste à retracer la génèse de cet idéal techno-domestique. La Seconde entend défricher par le projet de potentielles alternatives à son modèle auto-réalisateur.
B __ 1 Archaic Smartness Research
Le programme de Recherche « Archaic Smartness » spécule de nouvelles interprétations d’une « Intelligence » domestique fondée sur des rapports de réciprocité entre l’habitant et les écologies vivantes, organiques et tangibles présentes dans son milieu. Pour ce premier volet, Archaic Smartness revêt la forme d’un Eco-système domestique adapté au contexte localisé des maisons Landaises particulièrement affectées par l’invasion d’espèces d’insectes « nuisibles » fuyant leurs milieux naturels ( sécheresse, dé-forestation) et contaminant l’ossature des habitations. Le projet propose un modèle de domestication et de collaboration en bonne intelligence de ces organismes vivants pour générer l’énergie suffisante aux besoins quotidiens de l’habitant.
L’Eco-système domestique repose sur un procédé de valorisation de l’énergie produite (gaz méthane / électricité ) par les enzymes sécrétées dans la microflore intestinale des insectes xylophages. Sur la durée, le projet spécule à travers de micro-scénarii d’usages, un rapport de cohabitation au sein duquel l’habitant fournit l’alimentation nécessaire à la survie de la colonie ( déchets riches en cellulose : papier, carton, etc… ) et subvient ce faisant à ses propres besoins quotidiens. Les insectes délogés de leur biotope basculent du statut de « nuisibles » à celui de générateur. Dans sa globalité, le programme Archaic Smartness défriche des présents alternatifs à nos imaginaires techno-domestiques et investigue de nouvelles structures relationnelles entre l’habitant et la diversité des écologies en interaction avec nos milieux habités.
Valentin Graillat
Designer
Normalien, agrégé de design
Doctorant au Centre de recherche en Design (École Normale Supérieure Paris-Saclay / École Nationale Supérieure de Création Industrielle – Les Atelier)
Directeur de thèse
AUGER James - CRD/Centre de recherche en design - École doctorale n°629 Science sociales et humaines - Université Paris-Saclay - encadrement à 50%.
Co-encadrante
QUINZ Emanuele (EnsadLab) à 50%
Modalité et financement
Thèse en recherche-projet, en 3 ans, financée par l’École Normale Supérieure Paris-Saclay via un contrat doctoral spécifique normalien (CDSN).
Inscription
septembre 2021
Soutenance
automne 2024